La transition stratégique des développeurs éoliens vers le solaire : une diversification nécessaire
Le paysage des énergies renouvelables en France connaît une évolution significative. Face à des obstacles croissants dans le secteur éolien, de nombreux développeurs historiques se tournent vers le solaire, sans pour autant abandonner leur activité d’origine.
Des contraintes qui poussent à la diversification
Le développement de parcs éoliens est devenu un véritable parcours du combattant en France. Avec des délais d’instruction qui atteignent désormais sept à huit ans, les développeurs font face à une situation de plus en plus complexe. « L’éolien devient très compliqué en France », confirme Antoine Pedersoli, président d’ADE, pointant notamment les oppositions grandissantes et la politisation du débat lors de la dernière campagne présidentielle.
Le solaire comme alternative attractive
Dans ce contexte, le photovoltaïque apparaît comme une alternative séduisante. Avec des délais de développement de quatre à cinq ans et des recours moins systématiques, cette technologie offre des perspectives intéressantes. Plusieurs acteurs majeurs ont déjà entamé leur transition :
- ADE, historiquement dans l’éolien, vise désormais 50 à 80 MWc de capacité solaire d’ici trois à quatre ans
- Windvision, développeur belge, est passé d’un portefeuille 90% éolien à une répartition équilibrée 50/50 avec le solaire
Une complémentarité essentielle
La tendance n’est pas à l’abandon de l’éolien mais plutôt à une approche multi-énergie. Simon Neerinckx, CEO de Windvision, souligne : « Nous sommes convaincus que le mix électrique décarboné des pays a besoin des deux technologies. » Cette complémentarité présente plusieurs avantages :
- Stabilisation du réseau électrique
- Foisonnement entre les productions
- Mutualisation des infrastructures de raccordement
- Optimisation des coûts
Les leçons de l’éolien appliquées au solaire
Fort de leur expérience dans l’éolien, les développeurs anticipent déjà de possibles difficultés pour le secteur solaire. La vigilance est de mise, particulièrement concernant l’acceptabilité des grands projets au sol. Les stratégies développées incluent :
- Une approche pédagogique renforcée
- Une concertation approfondie avec les parties prenantes
- Un maintien du lien avec les communautés locales post-construction
Perspectives d’avenir
Alors que la France accuse déjà un retard sur ses objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), environ 13 GW de projets solaires sont actuellement en cours d’instruction. Cette diversification des acteurs historiques de l’éolien pourrait contribuer à accélérer le développement des énergies renouvelables, à condition de tirer les leçons du passé pour éviter les écueils rencontrés dans le secteur éolien.
Les développeurs multi-énergies semblent ainsi bien positionnés pour relever les défis de la transition énergétique, en capitalisant sur leurs compétences complémentaires et leur expérience du terrain. L’enjeu sera maintenant de maintenir un développement harmonieux et accepté des deux technologies, essentielles pour atteindre les objectifs climatiques de la France.